L'Epagneul Nain PAPILLON
De son vrai nom : EPAGNEUL NAIN CONTINENTAL, variété PAPILLON. D'origine Franco-Belge, c'est un petit chien de compagnie, bien qu'il soit parfaitement capable de chasser de petits rongeurs s'il en a l'occasion ou de montrer de belles capacités sportives ! Le nom de Papillon vient de la forme de ses grandes oreilles, placées comme des ailes de papillon. Cette forme est encore plus visible lorsqu'une zone blanche, du museau au crâne, sépare les 2 ailes du papillon. C'est ce qu'on appelle une "liste".
Ses origines
Les épagneuls nains ont des origines européennes bien lointaines. On les retrouve sur des tableaux depuis le 13e siècle, surtout dans leur variété à oreilles tombantes. Chiens miniatures réservés à l'aristocratie et aux cours royales, ce sont de grands peintres, comme Véronèse, Le Titien, Rubens, qui ont immortalisé leurs traits délicats. Le Papillon, avec ses oreilles droites, ne se généralise que tardivement, à partir du 19e siècle et supplante même le Phalène au 20e siècle.
L'épagneul nain qui a servi de modèle à l'élaboration du standard, est celui immortalisé par Le Titien (1477-1576) sur le tableau ci-dessus représentant la fille de Roberto Strozzi.
Et le Papillon apparait...
Le Papillon, avec les oreilles droites, apparait donc tardivement, vers la fin du 19e siècle. Auparavant, on trouve de temps en temps des épagneuls à oreilles dressées sur certains tableaux, notamment au 17e siècle. C'est qu'il naissait sûrement dans les portées de Phalènes des chiens à oreilles dressées.
Au 19e siècle, à l'époque où ces petits chiens commencent à se démocratiser, certains ont vraisemblablement cherché à reproduire cette caractéristique. La tentation est alors grande de croiser ces quelques rares sujets à oreilles redressées avec l'une ou l'autre race aux oreilles droites et assez proches d'apparence, dont le spitz, et pourquoi pas le chihuahua... Il n'y a pas d'écrits à ce sujet, mais seulement des suppositions. Certains l'ont peut-être fait. Des sujets que l'on observe encore actuellement avec des petites oreilles portées trop hautes ou un sous-poil dense peuvent le laisser supposer. Mais probablement pas dans sa généralité.
Le papillon ci-contre, peint par Louis-Eugène Lambert (1800-1875), peintre animalier connu pour ses tableaux de chats, immortalise un petit chien roux sur un tableau qu'il nomme "Papillon". La date est inconnue. Ce Papillon n'a pas de panachure blanche, mais au début du 20e siècle, les Papillons unicolores étaient tout aussi acceptés que les bicolores par le standard de l'époque. Fin 19e siècle, deux races ou deux variétés étaient signalées : le Papillon (aux oreilles tombantes) et le "Petit chien écureuil", de couleur rouge écureuil et aux oreilles grandes et droites. Peut-être le type du chien ci-contre ?
Un autre sujet de la fin du 19e siècle.
Il est également très coloré, mais légèrement panaché de blanc et très bien listé.
(photo : sélection Dan Chagnard)
Un Papillon en 1694...
Et voici, en tout petit au bas du tableau peint par Jan Weenix en 1694 et représentant Agneta Block et sa famille, un petit chien qui ressemble fort à un papillon. Sur le même tableau, apparait l'avant d'un chien presque tout blanc aux oreilles tombantes et qui ressemble à un phalène. Cela montre bien que les deux variétés existaient déjà. On peut se poser la question : la variété aux oreilles dressées était-elle moins appréciée que celle à oreilles tombantes, ce qui expliquerait le peu de tableaux les représentant ?
Un Papillon au 18e siècle
Un mot au sujet du port particulier des oreilles du Papillon. C'est un port d'oreilles rare chez les chiens, formant un angle de 90° entre les oreilles. Ce port d'oreilles tendrait à démontrer que le Papillon est bien un Phalène dont le cartilage des oreilles s'est rigidifié (ou l'inverse ?) et non issu de croisements avec des spitz.
D'ailleurs, des chiots Papillons qui naissent dans des portées de Phalènes, cela se voit encore de nos jours, malgré la sélection rigoureuse du port d'oreilles des ascendants. A noter qu'une sélection sur une implantation plus ou moins basse des oreilles va favoriser l'un ou l'autre port (mais pas à 100% !) et la sélection doit porter également sur la souplesse ou la rigidité du cartilage de l'oreille. Vous l'aurez compris, ce n'est pas simple du tout et la réalité offre bien des surprises !
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les origines de la race, un ouvrage récent de Jean-Marie Vanbutsele nous livre le résultat de ses recherches documentaires :
Grands coeurs en petite taille
Je vous encourage vivement à l'acquérir sur le site de l'auteur (lien).
Les oreilles font la différence !
Papillon ? Phalène ? Ce sont deux variantes d'une même race : l'Epagneul Nain Continental.
A tel point que l'on a parfois des surprises : un joli Phalène dans une portée de Papillons, ou plus souvent l'inverse : de petits Phalènes qui hésitent bien longtemps avant de décider s'ils resteront Phalènes ou s'ils se transformeront en Papillons. Il ne faut pas chercher le petit Papillon coquin qui a pu saillir la belle Phalène, non, ce phénomène est dû au hasard de la distribution des gènes, hérités depuis des générations par les deux parents. C'est ainsi que Giorgia et Guizmo m'ont fait la surprise d'une très jolie petite Phalène, qui fait la joie de sa maîtresse (en photo : Giorgia 5 ans et sa fille Stella 3ans, jolie Phalène).
Il arrive aussi que les deux oreilles ne soient pas d'accord : l'une reste en bas et l'autre s'obstine à se relever. C'est assurément plus gênant et le résultat c'est un charmant "Papilène" ! Laissons-nous surprendre...
Petit gabarit...
Il est de ceux que l'on peut emmener partout : de 1,5 kg au minimum à 4,5 kg, voire 5 kg pour les plus grandes femelles. Pour la taille, un chien de 4 kg mesurera environ 28 cm ; 24 cm env. pour un chien de 2,5 kg. On constate donc une très grande amplitude de gabarit pour cette race. Et cela se retrouve dans les portées, où on peut avoir quelques surprises de taille. Il y en a donc pour tous les goûts ! En France, on classe les épagneuls nains en 2 catégories : moins de 2,5 kg et + de 2,5 kg. Ceci étant propre à la France, un sujet de 2 kg aura très peu de chance de remporter une exposition en Allemagne ou en Suisse ! Habitant en Alsace, c'est une raison supplémentaire qui me fait préférer les chiens de plus de 3 kg.
Le Papillon est petit, certes, mais pas fragile pour autant, du moins pour ceux qui ont plus de 2,5 kg. Il n'est pas rare d'en voir sur les terrains d'Agility, car ils sautent très bien et sont agiles et rapides. En photo, ci-dessus, De Majolian Vie-en-Rose, dite "Rosie", à l'âge de 2 mois, première fille de Guizmo. Ses 155g à la naissance, 950g à 2 mois... laissaient espérer un poids adulte de 2,5-3 kg. Que non ! Elle n'a jamais dépassé les 2 kg, alors que son frère, qui était plus petit, a plus de 3 kg ! Je suis donc très prudente lorsqu'il s'agit de prédire le poids adulte d'un chiot.
Petit gabarit donc, mais pas de phénotype exagéré, tout est en harmonie. C'est ce qui en fait un chien solide malgré sa petite taille, pour une espérance de vie d'une quinzaine d'année.
Pour qui ce petit chien ?
Le Papillon est intelligent, docile et sensible. Il sera un compagnon tendre des personnes âgées (il est si léger quand il saute sur les genoux !), mais aussi des enfants, sauf ceux qui sont trop jeunes pour comprendre qu'il faut être doux avec le Papillon. Il est capable de s'adapter à toutes sortes de situations, pourvu qu'il soit près de ses maîtres.
Le Papillon est toujours partant pour une activité avec son maître ou sa maîtresse : grande ballade ou même randonnée de la journée, sport canin, partie de jeu avec les enfants, accompagnement au bureau, médiation animale...
Il convient donc à tous ceux qui voudront bien partager leur quotidien avec lui, mais pas à ceux qui le délaisseront toute la journée ni à ceux qui sont brusques dans leur approche. Le Papillon peut vivre avec les autres animaux, quelle que soit leur taille, à condition d'y être habitué tout jeune.
Photo :
Médiation animale... Un si petit chien qui peut apporter tant de bonheur !